Depuis bientôt un an, nous avons intégré dans notre attitude les fameux « gestes barrières ». De leur respect dépend en partie notre santé et celle des autres. Rien de neuf si nous regardons par rapport à l’époque de Jésus. Les lépreux, considérés comme contagieux étaient mis à l’écart, et personne ne devaient s’en approcher. Or voilà que l’Évangile de ce dimanche nous rapporte tout autre chose. Le lépreux qui se prosterne devant Jésus, et Jésus qui le touche seraient-ils donc des rebelles de l’époque ?
Au-delà de cette scène vue de l’extérieur, il y a des attitudes forgées de confiance et de compassion. La confiance du lépreux d’abord. « Si tu le veux, tu peux me purifier ». Il s’en remet à la volonté de ce Seigneur dont il a entendu parler ou peut-être l’avait-il déjà rencontré ? Il pressent que cet homme n’est qu’amour et bienveillance. Il ose donc se mettre « hors la loi » pour lui confier sa vie. Jésus, lui, est « saisi de compassion », touché au plus profond par la confiance de cet homme. Alors l’inouï peut se produire, l’homme est purifié. Et puis surprise ! Jésus le renvoie l’autorité religieuse légitime et avec comme consigne le silence.
Ce faisant, il me semble que Jésus veut montrer qu’il n’est ni un faiseur de miracle, ni un contestataire de l’ordre établi. Sa mission va infiniment au-delà. Elle est de sauver, l’homme, de le réhabiliter dans sa dignité. Et pour cela il le remet état d’entrer en relation.
Quel lien avec aujourd’hui ? Il nous arrive de nous enfermer dans les prisons de nos diverses lèpres. Jésus-Christ, le Seigneur de la Vie nous invite à crier vers lui en toute confiance. Il ne forcera pas la porte, il attend que nous nous tournions vers Lui pour nous laisser guérir et reprendre vie.
Et lorsque serrer dans nos bras ceux que nous aimons nous manque cruellement, donnons-leur une place dans notre cœur et notre prière. Alors la communauté ecclésiale, la fraternité, la bienveillance ne se laisseront pas vaincre par la pandémie de l’individualisme. Et n’oublions pas que même derrière un masque un sourire peut éclairer une journée.
Soeur Colette Oberson
Sœur Colette est fribourgeoise, entrée au monastère de la Visitation à l’âge de 22 ans, en 1978. Après avoir assumé différentes tâches, notamment de longues années au jardin, son service actuel est celui d’infirmière et de responsable de communauté. Un parcours qui l’invite à devenir toujours davantage celle qu’elle est appelée à être sous le regard de Dieu. Cela en lien avec les autres, en Église, et pour le monde.