Le Don de l’amour du Père

La lettre aux Hébreux nous parle de Jésus et le désigne comme « celui pour qui et par qui tout existe ». Il est au principe et au terme de toute création. Saint Jean Paul II disait qu’il est « le centre du cosmos et de l’histoire » (Le Rédempteur de l’homme, 1). Et le Concile Vatican II affirme : « le mystère de l’homme ne s’éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné » (L’Église dans le monde de ce temps, 22.1). C’est donc dans la lumière que nous apporte le Christ que s’éclaire ce que nous sommes et toutes les réalités et situations de notre vie. Sa Parole est un guide qui nous est offert pour que nous puissions choisir le chemin du vrai, du bon, du beau. Au final, avec lui nous expérimentons la liberté des enfants de Dieu.

Certains s’approchent de Jésus « pour le mettre à l’épreuve ». Ils voudraient tant qu’il pense comme eux et qu’il soit d’avance d’accord avec leurs idées. Comme on l’entend parfois sous forme de boutade : vous êtes libre de penser ce que vous voulez dans la mesure où vous êtes d’accord avec moi… Mais Jésus nous montre que la liberté ne s’exprime par simplement dans une alternance entre le oui et le non. Bien sûr, il accueille respectueusement celui qui s’approche pour l’interroger mais en l’invitant à entrer dans un autre dynamisme. Plutôt que des réponses toutes faites et des slogans qu’il suffirait de répéter, le Christ nous demande de descendre en nous-mêmes pour redécouvrir qui nous sommes et ce qu’est le projet de Dieu pour nous. Il nous propose de nous rendre disponibles à une autre lumière que celle du monde et de ses convoitises afin que la gloire du Seigneur puisse resplendir sur nos propres visages. 

Le Christ se donne à nous et ne se reprend pas. Aucune de nos décisions, aucun de nos choix ne peuvent le décourager dans l’accomplissement de cette mission qu’il a reçue du Père et qu’il réalise dans la liberté de son humanité : se donner par amour, être le Don de l’amour du Père. « Par son lien étroit avec la vérité, l’amour peut être reconnu comme une expression authentique d’humanité et comme un élément d’importance fondamentale dans les relations humaines, même de nature publique » (Benoît XVI, Caritas in veritate, 3). En regardant notre propre cœur, en ravivant les racines du « commencement de la création », nous sommes appelés à retrouver la beauté du projet de Dieu sur chacune et chacun de nous. Comment vivons-nous la joie du don dans la vérité de l’amour… dans l’amour de la vérité ? 

abbé Philippe Blanc