CETTE petite phrase, chantée dans le psaume de ce dimanche, semble assez banale. Quoi de plus évident pour un chrétien que de savoir que Dieu nous entend ? Ne s’agit-il pas d’une vérité admise par tous les croyants ? Dieu nous entend certes… mais y croyons-nous vraiment ? Croyons-nous qu’actuellement, maintenant, à cet instant, Dieu entend ?
Cette vérité de foi, malgré sa simplicité apparente, est d’une profondeur telle que, si nous l’admettions vraiment, notre existence en serait renouvelée. Si Dieu entend effectivement, cela signifie que je peux lui parler réellement, l’atteindre, toucher les fibres les plus sensibles de son cœur de Père à chaque acte de foi que je pose, et entrer dans une relation de confiance avec Lui. Je peux, comme un petit enfant, me « coucher et dormir » car, comme le dit la suite du psaume, « tu me donnes d’habiter, Seigneur, seul dans la confiance ». Si Dieu entend, c’est donc que les malheurs de la vie présente, les miens et ceux de mes frères, ne lui sont pas indifférents. Et si c’est bien le Seigneur, le Dieu dont la Force s’est manifestée en ressuscitant le Christ d’entre les morts, si c’est bien ce Père tout-puissant qui entend, c’est que son bras n’est pas raccourci pour faire surgir la vie au cœur des expériences de mort les plus désespérantes.
Mais allons-nous crier vers Lui ? Il peut nous arriver de nous adresser à Lui, de lui parler du bout des lèvres. Parfois, nous lui parlons après avoir bien réfléchi, mais notre cœur ne s’engage pas vraiment. Notre prière n’est pas encore devenue un cri.
En réalité, Dieu nous entend à chaque instant, mais pour expérimenter cette vérité, il nous faut crier, c’est-à-dire croire en Lui avec les fibres les plus profondes de notre cœur. Vais-je donc faire de ma prière une prière de pauvre, une prière transformée en un cri dirigé vers Lui ?
Frère Baptiste de l’Assomption, carme