« Il est beau le geste qu’elle a fait envers moi…
Mc 14, 6-9
D’avance elle a parfumé mon corps pour mon ensevelissement.
Partout où l’Évangile sera proclamé – dans le monde entier on racontera, en souvenir d’elle, ce qu’elle vient de faire « .
À Béthanie, chez Simon le lépreux, Jésus accueille le geste fou d’une femme aimante dont il connaissait sûrement le passé. « Il est beau le geste qu’elle a fait envers moi… D’avance elle a parfumé mon corps pour mon ensevelissement…partout où l’Évangile sera proclamé, on racontera en souvenir d’elle ce qu’elle vient de faire. » Jésus se laisse faire, il accueille ce geste annonciateur de sa mort et de sa résurrection. L ’Évangéliste ne nomme pas la femme ; il insiste sur son geste, et la portée de celui-ci.
En ces temps de pandémie (Covid 19), quand les gestes ont pu être présents, (c’est-à-dire se manifester), ils ont été des milliers de malades, de soignants, qui ont pu dire ou disent ces mêmes paroles : ils sont beaux ces gestes d’attention gratuite, de délicatesse, de douceur, d’estime, de partage ; ces gestes de mort à soi (renoncements de toutes sortes) pour favoriser la « résurrection » du frère.
Il y a des circonstances où le geste fut absent par la force des choses : mains serrées, embrassements, caresses ont été prohibés. C’est dans l’ordre des choses que les corps puissent se toucher pour que les personnes se disent leur affection. C’est alors que le geste, le beau geste s’est inventé et déployé de façons multiples et inédites. D’autres manières de penser et d’agir deviennent de fécondes habitudes de vie nouvelle. La parole a souvent pris le relais des gestes : un coup de fil, une connexion Skype ou autre.
Beaux gestes ! Audibles, faute de pouvoir être tangibles. L’épreuve qui n’épargne personne a été le terrain favorable aux beaux gestes du cœur, invisibles pour la plupart, mais ô combien précieux et gratifiants : un regard bienveillant, compatissant là où il était réprobateur ou jugeant ; un pardon, une admiration, une estime. Ces gestes sans cesse renaissants exhalent le parfum de l’amour des chrétiens et de tout homme de bonne volonté. Au moment d’entrer dans la Semaine Sainte, le beau geste de la femme de Béthanie, loué par Jésus qui annonce ainsi sa mort et sa résurrection, rejoint la prière du Pape François à Ur, sur la terre d’Abraham : « Les hommes témoignent de la paternité de Dieu à travers leur fraternité… Que la famille humaine devienne hospitalière et accueillante envers tous ses fils ; qu’en regardant le même ciel, elle chemine dans la paix sur la même terre« . (Pape François le 6 mars 2021 à Ur-Irak).
Sr Cécile Boullenger,
soeur de Saint-Paul