Dans son exhortation Evangelii Gaudium, le Pape François nous offre de belles descriptions de l’Église selon la Sagesse d’amour de Dieu. Retenons celle-ci :
« L’Église est appelée à être toujours la maison ouverte du Père. Un des signes concrets de cette ouverture est d’avoir partout des églises avec les portes ouvertes… Nous nous comportons fréquemment comme des contrôleurs de la grâce et non comme des facilitateurs… »
EG n°46-47
La Sagesse d’amour vient donc heurter nos conceptions trop humaines de l’Église comme institution bien réglée où tout demeurerait paisiblement « sous contrôle », elle fait irruption dans notre vie comme le Christ avec son fouet dans le Temple. Dans l’Évangile de ce dimanche, le Saint-Père y voit un triple appel à nos consciences :
édifier l’Église, protéger l’Église, purifier l’Église
Ces mots-clés peuvent nous inspirer durant notre Carême.
Nous sommes tous invités à construire notre vie chrétienne sur le Christ : « De fondement, en effet, nul ne peut poser d’autre que celui qui s’y trouve, c’est-à-dire Jésus Christ » (1Co3,11). Nous sommes bien tous des pierres vivantes, appelés à construire l’Église du Christ selon le don que Dieu nous a donné.
En voyant mes frères et sœurs à mes côtés, si différents par leur sensibilité, leur origine, leurs convictions, ai-je un sentiment de rejet, le désir de les rendre semblables à moi ? Ou bien est-ce que je parviens à découvrir le Christ en eux, si bien que ces multiples visages spirituels me renvoient au Créateur et unique Père en qui nous sommes appelés à ne faire qu’un ? Quel est le don personnel que le Christ m’a donné pour que je le mette au service de l’Église ?
Il convient ensuite de protéger l’Église en pratiquant le discernement. Comme l’exprime toujours le Pape François, il s’agit de « protéger l’Esprit Saint qui habite dans l’Église et en chacun de nous, car le fondement, c’est le Christ, mais l’harmonie, c’est l’Esprit Saint qui la fait » (Homélie 9/11/2017).
Est-ce que je laisse l’Esprit Saint me guider sur les chemins de la Sagesse d’amour, qui heurte parfois ma sensibilité, mes habitudes et ma sagesse humaine ?
Enfin, purifier l’Église. Pour que l’Église soit purifiée, il n’y a pas d’autre voie que la purification personnelle de chacun de ses membres. Rappelons-nous la célèbre réaction de Mère Teresa à la question d’un journaliste : « Qu’est-ce qui ne va pas dans l’Église ? » – Vous et moi ! ».
En dernière analyse, le Temple que Jésus veut purifier, c’est mon cœur où il demeure depuis mon baptême comme dans le Saint des saints. L’espace encombré et impur qui souille le Sanctuaire, c’est toute cette partie de ma personne qui échappe à la louange divine pour se livrer au commerce des idoles. Pour y remédier, la méthode de Jésus est radicale. La violence de Jésus nous invite à refuser les compromis et à retirer ce qui blesse la dignité de notre cœur.
par un frère carme
du couvent de Fribourg