C’EST le saint pape Jean-Paul II qui emploie ce mot, faisant référence à l’épisode de l’onction à Béthanie (cf. Jn 12, 1-8) où Judas reprochera à Jésus d’avoir laissé la femme pécheresse « gaspiller » le parfum de grand prix qui aurait pu servir à venir en aide aux pauvres : « L’Église n’a pas craint de gaspiller, plaçant le meilleur de ses ressources pour exprimer son admiration et son adoration face au don incommensurable de l’Eucharistie » (Ecclesia de Eucharistia 48).
Même à l’heure de l’écologie et de l’anti-gaspillage, il semble bel et bien qu’il y ait une « sainte » manière de « gaspiller ». La sagesse populaire ne dit-elle pas que « quand on aime on ne compte pas » ? Déjà dans l’Ancienne Alliance, cette mentalité était de rigueur dans l’offrande des holocaustes. Mais l’essentiel de cette spiritualité du « gaspillage » ne doit pas d’abord ni exclusivement s’exprimer à l’extérieur. Elle s’enracine au-dedans, c’est-à-dire en nos cœurs, là-même où il nous faut immédiatement reconnaître nos pauvretés.
Oui, il s’agit bien d’une histoire de cœur, une histoire d’amour ! Le bien-aimé ne renonce pas à chercher Celui que son cœur aime… et qui a planté sa Tente parmi nous. En latin, le mot tente se traduit tabernaculum. La Lettre aux Hébreux (8, 2) nous rappelle à propos que le Tabernacle véritable n’est autre que le Christ lui-même. Et nous qui sommes les membres de son Corps, n’oublions jamais que nous sommes appelés à devenir – non pas des safe à combinaisons multiples – mais des écrins de cette perle de grande valeur ou ce trésor découvert et aussitôt caché (cf. Mt 13, 44-46) qui est sa sainte Présence en nos vies !
Belle et sainte Fête-Dieu !
abbé Alexis Morard, doyen