Nous touchons le bout du tunnel, de la pandémie. Quel bonheur à retrouver !
Toucher, c’est la présence de deux personnes. C’est l’espace d’un avant-bras, celui de cette femme éprouvée depuis 12 ans d’épanchement de sang. « Si je peux seulement toucher le vêtement de Jésus, je serai guérie ». Quel désir, quelle espérance, quel accomplissement ! Impure par ses pertes de sang, cette femme était une exclue, confinée en marge de la société civile et religieuse.
Toucher, c’est l’appel de Jaïre à Jésus. « Viens imposer les mains sur ma fille qui se meurt ». Jésus vient et lui prend la main.
Ces gestes établissent une relation pleine de confiance, de liberté et de vie. Ne pas toucher, par indifférence aux autres, tue la présence d’une proximité et la possibilité d’une relation nourrissante. Toucher, geste imposé ou agressif envers une personne, nuit par sa violation d’attention. Ce temps de pandémie a éveillé en nous l’insuffisance des relations ordinaires, particulièrement les relations qui offrent un mieux vivre, une vie plus joyeuse. Regardons les terrasses ouvertes des cafés où les amitiés visibles reprennent des couleurs autour d’une boisson partagée.
Sommes-nous accueillants, en venant à la messe dominicale, à la présence et la proximité des personnes priant ensemble ? Indifférence ? Jugement ? Vivre un Jésus sans qu’il me prenne la main, qu’il laisse toucher son vêtement ? Un Jésus prié uniquement pour moi ? Quelle place reste-t-il aux autres, aux exclus, aux éprouvés, aux personnes avec handicap ?
Se sentir libre de venir prier pour soi corrompt la liberté fraternelle de la communauté rassemblée. Ce comportement dit ‘pieux’ fait obstacle à la vie de la communauté. Et dans la société civile, le même type de comportement alourdit les relations sociales. Il ouvre l’accès à l’indifférence, à l’irrespect et à la violence.
Aujourd’hui, les chrétiens peuvent contribuer à émonder ses ténèbres de haine. Guidés par l’Esprit-Saint, nous pouvons agir avec une liberté au-delà des libertés individuelles : une liberté communautaire, une liberté sociale. Ne sommes-nous pas appelés à vivre de cette même liberté que Jésus exerça envers la femme exclue, envers un père éprouvé par sa fille à l’article de la mort ?
Cette liberté personnelle et communautaire ajuste nos relations quotidiennes. Elles abandonnent toute forme de violence et de haine. Bel été, temps de détente ouvert à nos relations aimantes et confiantes !
P. Jean-Claude Pariat, spiritain