Je ne sais pas si vous êtes comme moi. Mais moi, j’affectionne particulièrement les évangiles de « petites graines ». Vous savez, cette Bonne Nouvelle qui nous apprend que de l’apparent insignifiant peut naître de grandes choses. Qu’est-ce qu’une petite graine qui meurt en terre et fait jaillir la vie ? Jésus ne nous dit-il pas que de la graine de moutarde, la plus petite d’entre les graines, peut surgir un arbre immense, demeure des oiseaux du ciel ?
Et voilà qu’en ce 5e dimanche de carême la liturgie nous parle d’une autre graine. Celle du grain de blé tombé en terre. S’il ne meurt pas il reste seul. Mais s’il meurt il porte beaucoup de fruits (Jn 12,19-26). Tellement, qu’il multiplie la vie, jusqu’à nous donner notre pain de chaque jour. Et c’est justement lui que Jésus choisit, l’apparent insignifiant, le grain de blé, pour se donner en nourriture – eucharistie pour notre faim.
Mais laissant aux prédicateurs du jour l’homélie qui leur appartiennent de vous partager, je choisis, pour ma part de vous raconter l’histoire d’une vieille dame qui vécu très longtemps habitée d’un grand secret.
« Elle ne quittait jamais sa maison, sans prendre dans sa main une poignée de graines. Elle les prenait avec elle, pour percevoir d’une manière plus consciente les beaux moments de sa journée et ainsi pouvoir mieux les garder dans sa mémoire.
Pour chaque détail positif qu’elle vivait au long du jour, par exemple un bruit joyeux dans la rue, le rire d’un enfant, un repas délicieux, un banc à l’ombre où s’asseoir durant ses promenades les jours chauds de l’été, les éclats lumineux et colorés de la neige, une personne pleine d’attention, l’harmonie des fleurs qui ornent le bord de son balcon – pour tout ce qui la réjouissait, elle faisait passer une graine de la poche droite à la poche gauche de sa veste. Parfois elle en faisait passer deux ou même trois à la fois. Le soir elle prenait le temps de s’asseoir et de compter les graines dans sa poche gauche. Elle rendait grâce au Seigneur pour toutes ces belles minutes et s’élevait en elle comme une musique intérieure, une prière et cela la remplissait de joie et de gratitude. Et même lorsqu’un soir elle ne trouvait dans sa poche qu’une seule graine, la journée était réussie » (source inconnue).
Quand je vous disais qu’une petite graine tout insignifiante peut changer la vie…
Souriant carême !
Sr Anne-Roger Prétôt
franciscaine de la congrégation
des Sœurs de la Ste Croix d’Ingenbohl