Nous sommes la joie de notre Dieu !

16 janvier 2022 | 2e dimanche du temps ordinaire – C | Chanoine Philippe Blanc

NOUS sommes encore au début d’une année nouvelle, et la Parole de Dieu nous offre des pistes non seulement pour notre méditation, mais aussi pour notre engagement au titre de notre baptême. Par le don de l’Esprit Saint, nous sommes devenus les enfants bien-aimés du Père et les disciples du Fils. Nous participons désormais à l’accomplissement de la mission du Christ à travers le temps. Chacun pour notre part, nous assumons la responsabilité de l’annonce et de la transmission de la Bonne Nouvelle. 

Selon le souhait du pape François, nous sommes toutes et tous appelés à nous mettre en chemin, à la suite du Christ, à participer ensemble à la démarche synodale. Mais quels sont les objectifs de cette invitation ? D’une part, nous allons ensemble redécouvrir notre vocation baptismale commune. Par le baptême et le don de l’Esprit Saint, nous sommes les membres vivants d’une famille qui s’appelle l’Église. D’autre part, nous allons accueillir la mission qui nous est confiée car, pour le monde de ce temps, nous sommes les acteurs du renouveau de nos communautés ecclésiales. 

La dynamique qui nous entraîne est le fruit du souffle de l’Esprit qui fait en nous et par nous toutes choses nouvelles. Il nous appartient de raviver en chacune et chacun de nous la vocation que nous avons reçue du Christ : être sel de la terre, lumière du monde, levain dans la pâte. Ainsi, nous serons la joie de notre Dieu !

En cheminant ensemble, nous allons aussi nous réjouir des dons reçus par les uns et les autres pour qu’ils soient mis au service de la communauté, pour qu’ils contribuent à l’édification de l’unique Corps du Christ, pour qu’ils nous permettent de progresser sur les routes du témoignage et de la sainteté. Comme nous le dit saint Paul, les dons de la grâce sont variés, mais c’est le même Esprit. Quel bonheur que cette diversité des dons dans la mesure où ceux et celles qui les ont reçus collaborent avec leurs frères et sœurs à l’annonce renouvelée de l’Évangile ! Participer à la démarche synodale, c’est aussi redécouvrir les joies et la nécessité d’une vraie fraternité qui soit enracinée dans notre foi au Christ ressuscité et dans l’amour de notre Père. Tout ce que nous avons reçu est en vue du bien, en vue de l’édification, en vue d’un vrai renouveau de nos communautés humaines et ecclésiales. Reconnaître les dons reçus par les autres nous évite de nous situer dans la concurrence ou le chacun pour soi. Nous voulons parfois avoir le don que l’autre a reçu et,  pendant ce temps, nous oublions de faire fructifier celui que nous avons-nous-mêmes reçu. Bien que nous soyons appelés personnellement, chacun par notre nom, nous sommes les membres d’un seul peuple. Sur le chemin, nous avançons avec les autres, en acceptant que les rythmes de la marche ne soient pas les mêmes pour tous. Il y a ceux qui courent et gambadent, et ceux qui avancent plus lentement. L’important est de rester sur le chemin et de faire un pas en avant chaque jour vers l’unique but : la rencontre avec le Christ à travers la rencontre avec nos frères et sœurs.

Depuis le jour des noces de Cana, les paroles de la mère de Jésus ne cesse de résonner dans les cœurs des disciples de son fils : tout ce qu’il vous dira, faites-le. Ce sont à la fois des paroles de confiance et des paroles qui rendent disponibles pour la mission. Aussi surprenants que soient les appels du Seigneur, ils nous conduisent toujours vers la vie et le bonheur. Dieu nous appelle et nous associe à son œuvre. Avec lui, nous collaborons au salut du monde et à l’avènement des temps nouveaux de l’Évangile qui peuvent illuminer d’une clarté nouvelle toutes les réalités humaines et sociales. Dieu est tout-puissant et pourrait tout réaliser par lui-même mais, depuis les origines, il choisit l’humanité comme partenaire d’alliance et de mission. Offrons-lui la simplicité de notre eau et il en fera le vin des noces nouvelles et éternelles ! Allons à lui, avec nos fragilités et nos limites, et il nous libèrera de nos peurs et de nos tiédeurs. 

Les informations que nous recevons et qui nous accablent pourraient nous pousser à la désespérance et à la passivité. Devant la démarche synodale, certains peuvent se dire « à quoi bon, rien ne changera ». Ces réflexes sont ceux des sarments secs, et nous savons ce que l’on fait des sarments secs… Alors, puisque nous sommes des sarments vivants appelés à porter du fruit pour la gloire du Père et le salut du monde, ne faisons pas faire taire cet appel : tout ce qu’il vous dira, faites-le. Le Christ ne nous demande pas de croiser les bras, il nous invite à les ouvrir pour qu’à l’image de ses bras crucifiés, nous puissions servir et accueillir le monde. Le Christ ne nous demande pas de nous taire et de nous cacher, mais de proclamer la Bonne Nouvelle et de placer notre lumière en capacité d’éclairer les autres. Le Christ ne nous demande pas de fuir ou de nous résigner, mais d’offrir notre vie dans un élan d’amour et d’être des témoins qui parcourent toutes les réalités humaines pour y semer la vie nouvelle. 

Avec le psalmiste réjouissons-nous et chantons au Seigneur un chant nouveau, le chant nouveau de nos vies renouvelées par le souffle de l’Esprit et ensemencées par la Parole de Dieu. Racontons à tous les peuples, en commençant par nos proches, les merveilles que le Seigneur accomplit en nous. Et n’oublions pas, nous sommes la joie de notre Dieu !