En cette fête du Christ-Roi, l’évangile nous présente un roi entouré d’anges et de gloire mais qui, en même temps, prend les traits d’un berger au milieu des brebis et des boucs. En gymnastique, on appelle ça un grand écart ; en politique, c’est une mauvaise stratégie électorale ; en économie, c’est la faillite assurée ; en théologie, on appelle ça l’amour de Dieu. Il s’agit de cette logique qui pousse Dieu à devenir petit enfant à Noël, à mourir sur la croix en infamie le Vendredi Saint et à choisir des hommes et des femmes pécheurs pour bâtir son Église.
C’est dans cette logique que Jésus nous entraîne dans l’évangile de ce jour, une scène que l’on appelle couramment « le jugement dernier ». C’est une logique qui a un visage : celui-là même de Jésus qui nous appelle à l’aimer. En général, on est d’accord pour aimer Jésus, mais comment faire ? Où est-il ce Jésus ? Où est-il ce Roi de gloire ? Certes, s’il est roi, il nous indique cependant qu’il ne faut pas chercher à le séduire, comme ceux qui cherchent à se faire bien voir à la cour du roi. La logique de la cour du roi couronné d’épines est une logique d’abaissement : il nous invite à l’aimer dans le visage du petit qui a froid, qui a faim, qui est seul, étranger, nu. Dans leurs visages, nous découvrons celui de Jésus qui n’a pas craint de se faire l’un de ces petits pour nous montrer le chemin.
Car, pour aimer authentiquement ces pauvres et ces petits, il nous faut en devenir un, comme Jésus. Si nous restons attachés à nos richesses, à nos désirs, à nos certitudes, nous courons le risque d’être de ceux qui, une fois au milieu des boucs, diront : « Seigneur, quand t’avons-nous vu sans nous mettre à ton service ? »
Heureusement, sur ce chemin de l’amour, nous avons un berger qui nous guide et nous rassure. Encore faut-il vouloir se laisser guider par lui sur ce juste chemin. Si nous le suivons, lui nous enseignera à devenir un de ces petits et à nous dévêtir de nous-mêmes, à nous donner entièrement et sans mesure. Bref, il nous apprend à aimer en vérité. Alors, au dernier jour, nous entendrons la voix du Roi de Gloire nous dire : « Venez, les bénis de mon Père, recevez le Royaume en héritage ».
Paul Salles
Paul Salles est marié et père d’une petite fille. Assistant pastoral, il partage ses activités entre la pastorale des jeunes du canton de Fribourg et la pastorale des familles et des jeunes au sein des paroisses de l’unité pastorale Saint-Joseph.